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Jacques Lacan
Jacques Lacan fut, avec Sigmund Freud et Carl Yung, l’un des auteurs majeurs du courant psychanalytique.
Son parcours
Né en 1901, Jacques Lacan est issu d’une famille de moyenne bourgeoisie. Il débuta ses études de médecine contre l’avis de son père et fréquenta des cercles anti-conformistes tels que les surréalistes et l’Action Française dont la caractéristique commune était de s’intéresser au langage.
Il se spécialisa en psychiatrie et soutint sa thèse de doctorat en 1932. Il entama une analyse mais y mit fin, contre l’avis de son analyste, dés sa nomination comme membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris.
Il devint enseignant et pratiqua en libéral. Pendant la seconde guerre mondiale, il dut se résoudre à arrêter l’enseignement mais put maintenir son activité de psychanalyste privé. Les nazis voyaient en effet d’un très mauvais œil tout ce qui touchait à la psychanalyse mais il fut toutefois l’un des rares à ne pas être contraint à l’exil.
En 1946, Lacan entreprit une communication sous le titre ‘Le stade du miroir comme formateur de la fonction du je’. Pendant trente années, il produisit des séminaires hebdomadaires qu’il publia dans les années soixante-dix, laissant ainsi une œuvre gigantesque. Il s’opposa farouchement à la psychologie américaine et restitua à l’inconscient freudien, son caractère dynamique, notamment en comparant l’inconscient au langage et en fondant les concepts du Réel, de l’Imaginaire et du Symbolique.
Le style lacanien
Les écrits de Lacan ont suscité railleries et critiques, notamment du fait de son style si particulier, pour le moins difficile à saisir. Dans le texte de présentation de ses Ecrits (1966), Lacan dit vouloir « amener le lecteur à une conséquence où il lui faille mettre du sien ». Ses partisans diront que la difficulté de ses ouvrages ne tient pas à la complexité de son style mais plutôt à celle du sujet.
L’enseignement lacanien occupe encore aujourd’hui une place essentielle dans les universités de lettres nord américaine, en Amérique Latine, en Europe de l’Est et même dans certains pays arabes. Ses Ecrits ont d’ailleurs été traduits au Japon et le seront bientôt en Chine.
Ses apports vis-à-vis de l’inconscient
Lacan perçoit l’inconscient comme l’endroit d’où nous viennent nos pensées, assumées ou non. Il nomme l’Autre, ce lieu dont proviennent nos lapsus, nos actes manqués ou encore nos rêves et qui témoignent de nos désirs énigmatiques qui insistent pour se faire connaître. Pour Lacan, il s’agit par exemple de prendre son lapsus au sérieux et non comme une erreur du cerveau.
L’une de ses contributions majeures tient en cette phrase devenue célèbre : « l’inconscient est structuré comme un langage ». Il note que les mécanismes de condensation et de déplacement décrits par Freud dans l’élaboration des rêves (voir l’article L’analyse des rêves) sont identiques à ceux qui caractérisent le langage humain : métaphore, métonymie etc… L’inconscient n’est donc pas chaos et n’existe, selon Lacan, que dans la mesure où l’homme dispose du langage.
Freud disait lui-même que le rêve était un rébus, c'est-à-dire des séquences énigmatiques devant être lues comme des unités de langage, des signifiants (image acoustique d’un mot), indépendants du sens des objets représentés. Par exemple : le nouveau nez = le nouveau né, les talons = l’étalon, la canne = Lacan ne.
Le transfert et ‘l’objet a’
Le transfert, selon Lacan, nécessite la croyance inconsciente en un sujet supposé savoir. Cette place idéalisée est occupée par l’analyste jusqu’à ce que la cure aboutisse au dévoilement d’un certain ‘objet a’ censé pallier à l’absence progressive du thérapeute.
C’est à ce sujet censé savoir que s’adressent les sentiments positifs et négatifs du transfert.
Le stade du miroir
Il s’agit du moment où l’enfant découvre, vers l’âge de 6 mois, son reflet dans le miroir. Lacan y voit la naissance du Moi car elle offre au bébé une image unifiant son corps et dont découlerait le narcissisme.
Cette prise de conscience de l’unité du corps permet à l’enfant de saisir le caractère stable et durable du corps, notamment celui de sa mère, dont il vivait jusqu’alors les séparations comme des disparitions.
Lacan y trouve également toute l’importance du regard puisque l’image du corps de l’enfant, lui est forcément désignée par un autre. C’est en effet le parent qui désigne le reflet comme sa propre image tandis que l’enfant, lui, reconnaît avant tout l’image de l’autre. Lacan constate ainsi : « L'image de mon corps passe par celle imaginée dans le regard de l'autre ; ce qui fait du regard un concept capital pour tout ce qui touche à ce que j'ai de plus cher en moi et donc de plus narcissique. »