Mode ZEN
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J'ai peur d'être abandonné(e)
De toutes les souffrances rencontrées dans la vie du couple, l'angoisse d'être quitté(e) est probablement celle qui torture le plus celles et ceux qui la subissent. Elle réactualise nombre de problématiques individuelles dont certaines trouvent leur origine dans les relations antérieures voire l'histoire infantile des sujets.
La solidité imaginaire du duo
Lorsque le couple s'installe dans la durée, il semblerait que les angoisses d'abandon connaissent un renforcement inédit. La souffrance apparaît proportionnée à l'investissement affectif de la relation. Dès que le sentiment s'affirme, le peur de la rupture se révèle. Nous agissons comme si nous étions dans l'impossibilité d'imaginer une continuité de l'existence en l'absence de l'autre. Cette angoisse, qui concerne le Moi, indique la manière dont celui-ci s'étaye sur l'objet de notre affection.
Dans toute relation amoureuse, le partenaire supplée des vulnérabilités narcissiques, il complète la perception que nous avons de nous-mêmes. Ce mécanisme est perceptible dans le début des relations : l'état passionnel. L'euphorie ressentie est comparable à un épisode maniaque où l'exaltation résulte d'une expansion grandiose du Moi. En réalité, lors de ce moment, le couple forme une chimère narcissique, un Moi duel. La littérature romantique est emplie d'exemples de ces instants : Roméo et Juliette, inexistants seuls mais plus forts que la mort à deux. En cas de rupture, la situation idyllique peut laisser place à un effondrement identitaire. Le Moi a en effet, perdu plus qu'un autre, il a perdu un morceau de lui-même, il est considérablement mutilé.
Dans toute relation amoureuse, le partenaire supplée des vulnérabilités narcissiques, il complète la perception que nous avons de nous-mêmes. Ce mécanisme est perceptible dans le début des relations : l'état passionnel. L'euphorie ressentie est comparable à un épisode maniaque où l'exaltation résulte d'une expansion grandiose du Moi. En réalité, lors de ce moment, le couple forme une chimère narcissique, un Moi duel. La littérature romantique est emplie d'exemples de ces instants : Roméo et Juliette, inexistants seuls mais plus forts que la mort à deux. En cas de rupture, la situation idyllique peut laisser place à un effondrement identitaire. Le Moi a en effet, perdu plus qu'un autre, il a perdu un morceau de lui-même, il est considérablement mutilé.
Le retour d'une fragilité individuelle
Tout se passe comme si la situation de couple avait ravivé des faiblesses passées sous silence. Par contraste, la solitude apparaît désormais comme une catastrophe insurmontable qu'aucune des stratégies mises en place antérieurement ne peut calmer. Mais, dans la crainte de l'abandon, l'angoisse est liée au souvenir d'un évènement traumatique (fanstamé ou réel) qui a déjà eu lieu. L'infantile est important car pour surmonter une perte, il est fondamental de disposer d'images internes solides sur lesquelles s'appuyer. Elles résultent de l'intériorisation des imagos parentaux. En effet, l'enfant pour surmonter ses premières séparations procède en introjectant ses parents, il se les approprie et les fait siens. Ce mécanisme le protège puisque, désormais, ces éléments devenus intérieurs restent stables et accessibles, même si le réel est frustrant ou angoissant.
Dans les cas d'angoisses abandonniques, c'est cette introjection qui a été incomplète. L'objet n'a pu s'intérioriser solidement, il est donc toujours potentiellement "à perdre". C'est la source de douleurs incommensurables qu'aucune rationalisation ne peut atténuer. Il existe un trou dans le psychisme dans lequel le "sujet abandonné" encourt le risque de sombrer.
Dans les cas d'angoisses abandonniques, c'est cette introjection qui a été incomplète. L'objet n'a pu s'intérioriser solidement, il est donc toujours potentiellement "à perdre". C'est la source de douleurs incommensurables qu'aucune rationalisation ne peut atténuer. Il existe un trou dans le psychisme dans lequel le "sujet abandonné" encourt le risque de sombrer.
De l'amour médecin à l'amour perdu
En réalité, ce n'est pas sur les angoisses qu'il est possible d'agir directement mais bien plus sur la façon dont se constituent nos histoires amoureuses. Le souci vient de la manière dont nous utilisons inconsciemment nos partenaires dans le déroulé de nos problématiques. Aucune relation ne devrait devenir vitale au point de recouvrir tous les liens qui lui préexistaient. La diversification des supports narcissiques (relations amicales, professionnelles, de voisinage, …) peut aider à structurer de manière moins dépendante le monde qui nous entoure.
Par ailleurs, il est intéressant de se rappeler que l'autre, si parfait puisse-t-il paraître à nos yeux, n'a que rarement fait le choix d'occuper cette place sensible dans nos vies. Or, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui prendront peur de se savoir si nécessaires. C'est alors qu'angoisser une situation de rupture, nous fait en précipiter la réalisation. Il semblerait qu'en ce cas, notre psychisme puisse, dans le futur, tirer bénéfice de cet abandon. En effet, il pourra justifier illusoirement ces angoisses que rien ne peut résoudre.
Par ailleurs, il est intéressant de se rappeler que l'autre, si parfait puisse-t-il paraître à nos yeux, n'a que rarement fait le choix d'occuper cette place sensible dans nos vies. Or, nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui prendront peur de se savoir si nécessaires. C'est alors qu'angoisser une situation de rupture, nous fait en précipiter la réalisation. Il semblerait qu'en ce cas, notre psychisme puisse, dans le futur, tirer bénéfice de cet abandon. En effet, il pourra justifier illusoirement ces angoisses que rien ne peut résoudre.
Actualiser ses objets internes
S'il est une raison couramment évoquée d'entrée en thérapie, c'est bien la survenue d'une séparation. La douleur alliée à l'angoisse nous fait choisir d'avancer sur une voie complexe et inquiétante : la découverte et la compréhension de soi. De toutes les approches, la démarche analytique, fondée sur la confrontation aux images intériorisées se montre probablement la plus pertinente. En effet, elle nous pousse à constituer de nouveaux objets et à en expérimenter la solidité. Freud l'avait déjà bien compris quand il questionnait l'idée de la fin de l'analyse ?
Celle-ci pourrait se percevoir comme le signe qu'enfin, un objet fondamental, ici le psychanalyste en tant qu'il est support des transferts parentaux, s'est érigé durablement dans le monde interne de l'analysant. Dès lors, il pourrait s'imaginer affronter le monde sans craindre de voir s'effondrer ses piliers. L'autre, partenaire amoureux n'aurait alors plus à se voir contraint d'assurer la solidité de son "édifice" personnel. C'est alors que pourrait s'instaurer une relation amoureuse dont l'objectif premier ne serait plus de faire fonction de béquille pour les membres du couple mais de laisser la place à de réels sentiments.
Celle-ci pourrait se percevoir comme le signe qu'enfin, un objet fondamental, ici le psychanalyste en tant qu'il est support des transferts parentaux, s'est érigé durablement dans le monde interne de l'analysant. Dès lors, il pourrait s'imaginer affronter le monde sans craindre de voir s'effondrer ses piliers. L'autre, partenaire amoureux n'aurait alors plus à se voir contraint d'assurer la solidité de son "édifice" personnel. C'est alors que pourrait s'instaurer une relation amoureuse dont l'objectif premier ne serait plus de faire fonction de béquille pour les membres du couple mais de laisser la place à de réels sentiments.