Insémination artificielle : "elle a fait un bébé toute seule"

L'insémination artificielle avec donneur peut se rencontrer dans des histoires de vie variées (stérilité masculine, couple de femmes, femmes célibataires, …). Elle ne saurait donc avoir une seule et même origine inconsciente chez les mères qui y ont recours.
 

Depuis quelques années, la question de l'insémination est au cœur d'un vaste débat sur la parentalité et ses évolutions. Sont secoués de tous côtés les spectres de la souffrance infantile et d'une société qui se voudrait sans père ni mari, fondée sur un seul genre ! A l'heure où le nombre de célibataires augmente, des femmes en l'absence de conjoint (voulue ou subie) formulent le souhait d'être inséminées pour donner la vie. Le problème n'est pas l'insémination mais le désir à son origine. Quel est le sens à donner à cette insémination ?
 

Le possible maternel de la femme est limité dans le temps. Il est borné par l'adolescence et la ménopause. Ainsi de nombreuses femmes, obligées par leur vie professionnelle de retarder leur premier enfant, se trouvent dans une situation d'urgence à l'heure de procréer. Célibataires, l'insémination artificielle se présente comme le seul recours dont elles puissent bénéficier. Dans cette situation, le désir sous-jacent est de mettre en route un enfant et ultérieurement de lui donner un père. Si cela ne respecte pas toutes les conventions, il semble que psychiquement la structure parentale nécessaire à l'enfant soit préservée bien que temporisée.
 

Lorsque deux femmes s'aiment et vivent ensemble, il est courant de voir apparaître au sein de leur couple un désir d'enfant. Aujourd'hui, certaines ont recours à l'insémination artificielle d'une des deux femmes, voire des deux. Elles font alors régulièrement appel au milieu médical de pays limitrophes (les démarches y sont plus simples qu'en France). Beaucoup d'autres débutent un projet de parentalité avec un homme de leur connaissance ou un couple d'amis homosexuels. Cette dynamique est respectueuse de l'équilibre de l'enfant puisque le géniteur existe dans l'esprit de la maman. Il sera possible à celle-ci par le langage de donner à ce géniteur le rôle d'autre masculin nécessaire à l'enfant. L'important pour l'enfant étant de savoir qu'il est le fruit d'un homme et d'une femme et que ceux-ci aient une place dans son histoire.
 

Mais il existe des situations qui sont beaucoup plus délicates sur le plan du devenir de l'enfant. Ce sont celles où le désir est d'avoir un enfant sans homme. Pour de multiples raisons, il semblerait que le désir de ces femmes soit de faire exister un monde dans lequel l'homme n'aurait pas de place. Au commencement de ces histoires, bien souvent nous devons entendre leurs souffrances (viol, abus sexuels, …). Il leur est nécessaire psychiquement que le monde soit exempt de toute présence masculine.

C'est là que les choses se compliquent pour l'enfant. S'il n'est pas indispensable à l'enfant que ses deux géniteurs vivent ensemble, il est nécessaire que coexistent dans sa structuration psychique deux pôles (féminin et masculin). Un bébé exclusivement maternel ne dispose pas de ressources extérieures à l'unité mère/bébé sur lesquelles s'appuyer pour grandir. Si la femme ne peut ou ne veut pas d'homme dans sa vie, elle devra alors instituer des référents masculins pour son enfant (oncle, voisin, maître d'école). Il en va de sa santé psychique.