Mode ZEN
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Fécondation in vitro et répercutions inconscientes
Si les techniques de procréation médicalement assistée ont révolutionné la vie des couples stériles, elles posent aussi de nombreuses questions sur le plan éthique. La FIV en médicalisant l'acte le plus naturel (la fécondation) imprime les esprits. Dans "Le meilleur des mondes", Aldous Huxley (1894-1963) attirait déjà notre attention sur les éventuelles dérives autorisées par ces techniques.
Deux parents mais plusieurs créateurs
La FIV est très réglementée en France ce qui lui permet de n'être qu'une formidable avancée dans la résolution des problèmes de stérilité des couples. Mais l'une des questions qu'elle soulève tient en ce qu'elle fait entrer de nombreux protagonistes dans une histoire traditionnellement duelle, l'acte sexuel engendrant la vie. Ainsi, il faut adjoindre aux traditionnels souhaits des parents, les désirs inconscients de tous les intervenants médicaux : équipe soignante, techniciens de laboratoire... La fonction des parents peut se trouver diluée dans le protocole l'encadrant. Quelle est alors l'histoire des origines transmise inconsciemment à l'enfant à naître ?
L'amour et le désir d'enfant
A l'origine d'un enfant, il y a toujours un désir des parents, lui-même nourri de leur amour mutuel. Inconsciemment, faire un enfant, c'est prolonger l'amour, en tous cas le lien à son partenaire. Celui-ci laissera une trace qui soutiendra plus tard le narcissisme du bébé. En effet, tout petit humain s'appuie -même imaginairement- sur l'espoir qu'il a un jour été voulu. Chaque naissance est, pour la pensée, le fruit d'un moment d'amour, de plaisir. Cette pensée positive est constitutive de l'envie de vivre qui habite le nouveau-né.
La FIV, un nouveau visage de la parentalité
En proposant un histoire particulière des origines de la vie, la FIV oblige les parents à reconstruire leur rapport à la filiation. Dans les cas où la FIV s'est déroulée avec l'aide d'une ou d'un donneur de gamètes, la place occupée par le parent "suppléé" est fragilisée. Cette fragilité est renforcée par le discours de nos sociétés qui, frileuses à l'idée de disjoindre les rôles de parents et de géniteurs soutiennent une vision naturaliste de la parentalité.
Alors que l'humain s'interroge sur la part occupée par le déterminisme biologique dans son parcours personnel, les techniques de procréation médicales sortent la reproduction des lois de la nature. Or s'il n'existe pas d'instinct maternel ou paternel, il n'en demeure pas moins que la reproduction était jusqu'alors une des caractéristiques fondamentales du vivant. En la technicisant, nous donnons à la vie une dimension nouvelle. Nous accordons à la science et aux techniques un pouvoir nouveau.
Alors que l'humain s'interroge sur la part occupée par le déterminisme biologique dans son parcours personnel, les techniques de procréation médicales sortent la reproduction des lois de la nature. Or s'il n'existe pas d'instinct maternel ou paternel, il n'en demeure pas moins que la reproduction était jusqu'alors une des caractéristiques fondamentales du vivant. En la technicisant, nous donnons à la vie une dimension nouvelle. Nous accordons à la science et aux techniques un pouvoir nouveau.
Une "scène primitive" à se construire
L'unicité que nous nous reconnaissons s'appuie sur le fait qu'un jour nous avons été la rencontre aléatoire de deux parents et plus encore de deux gamètes. De tout temps, selon les cultures et sociétés, les hommes ont apprivoisé ce hasard en l'attribuant aux dieux, aux ancêtres ou au clan d'appartenance. L'important étant que quelqu'un ait désiré notre venue. Tout humain se construit une histoire imaginaire de sa création. Ce fantasme s'appelle : la scène primitive. Or, la FIV en réduisant la dimension aléatoire de notre survenue et en la technicisant en modifie profondément les représentations. Un travail neuf de la pensée doit se mettre à l'oeuvre pour l'intégérer et se l'appproprier.
La FIV et le statut de l'embryon
Lors d'une FIV, plusieurs embryons sont produits au même moment et plusieurs sont implantés. Tous ne se développent pas. Il subsiste donc un hasard naturel. Quel est l'avenir des embryons non implantés ? Ils pourront connaître plusieurs destins allant de l'implantation ultérieure à la destruction. Ainsi de nombreux parents se culpabilisent de laisser voire d'abandonner ce qu'ils considèrent comme des "enfants à naître". Cela peut impacter la relation aux enfants nés.
Se connaître, un droit fondamental
Tous les enfants conçus de manière non traditionnelle ont le droit d'être informés de cette partie de leur histoire personnelle. En effet, tout Homme a le droit de connaître ses origines car c'est à partir d'elles que chacun se construit. Le roman familial, si cher à l'enfant et si étudié par la psychanalyse commence en effet quand le désir d'avoir un enfant se prononce et non par le seul acte de le faire.