Mode ZEN
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Faut-il être le père et la mère de son enfant ?
Bien souvent après la séparation, un des deux parents est moins présent dans l'éducation des enfants du couple. Le parent ayant la garde des enfants se trouve dans une situation inconfortable, celle d'avoir à pallier au manque et à l'absence de l'autre modèle/parent. Pour autant, est-il nécessaire d'endosser le rôle de l'absent ? Est-ce souhaitable pour le développement de l'enfant ?
Le premier monde de l'enfant : la fusion
Au commencement de sa vie, l'enfant est dans une relation fusionnelle à sa mère. Mais dans les premières années de son développement, il apprendra à la partager (affection et disponibilité) avec sa fratrie, son père, ses proches. L'enfant se détache alors progressivement de son premier objet d'amour et part à la conquête de nouveaux objets, de nouvelles relations. Cette autonomie s'acquiert quand l'enfant sent dans le discours de sa mère qu'elle fait référence à au moins une personne extérieure à leur relation : il existe un ailleurs. Schématiquement, la fonction du père – et non nécessairement du géniteur – agit comme séparateur de l'unité mère/bébé.
L'important est la dissymétrie des fonctions parentales
La psychanalyse nous a enseigné que les fonctions maternelles et paternelles (souvent différentes des états civils de mère et père) sont importantes dans la construction psychique de l'enfant et qu'il est nécessaire qu'elles soient disjointes. En endossant la fonction de l'autre parent, nous ne permettons pas à l'enfant de reconnaître les différences qui existent entre elles. De plus, nous ne l'autorisons pas à aller chercher ailleurs, le référent manquant. L'enfant dispose pourtant de nombreuses ressources psychiques et notamment de celle de trouver ce qui lui manque dans son environnement. Naturellement, en l'absence de sa mère, il développe un attachement pour une femme de son entourage, et compense le manque de son père par une forte affection pour un oncle, ami, voisin.
Quel soulagement apporter à son manque ?
L'enfant se construit plus facilement en compensant une absence que face à un référent biface, tantôt père tantôt mère. Ce n'est pas parce qu'une personne vient à manquer en chair et en os qu'elle ne fait pas fonction. Ainsi, un enfant peut être "défusionné" de sa mère alors même que son père est définitivement absent (disparition, décès). Il est, dans ces cas, nécessaire que la place que l'absent a occupée ait été mise en mots par le parent restant. En résumé, l'enfant ne doit pas rencontrer chez un seul référent tout l'amour dont il a besoin. Cette frustration est la source de son désir d'exploration et l'oriente à quitter l'unité parentale.
A l'adolescence, l'enfant qui manque d'un parent sera tenté de renvoyer à celui qui assure seul l'autorité parentale que si l'autre avait été présent, les choses se dérouleraient autrement. Il sous-entend, ce faisant, qu'il aurait pu obtenir gain de cause. Il est souvent utile de le faire réfléchir à ce qu'il imagine de la réaction ou de l'attitude du parent absent et ainsi l'inviter à développer l'argumentaire qu'il lui aurait tenu. Cette technique incite l'enfant à se construire un rapport à l'altérité, même en l'absence factuelle de l'autre. Elle construit également une structure parentale qui repose sur au moins deux piliers différents si ce n'est opposés, en définitive, complémentaires.
A l'adolescence, l'enfant qui manque d'un parent sera tenté de renvoyer à celui qui assure seul l'autorité parentale que si l'autre avait été présent, les choses se dérouleraient autrement. Il sous-entend, ce faisant, qu'il aurait pu obtenir gain de cause. Il est souvent utile de le faire réfléchir à ce qu'il imagine de la réaction ou de l'attitude du parent absent et ainsi l'inviter à développer l'argumentaire qu'il lui aurait tenu. Cette technique incite l'enfant à se construire un rapport à l'altérité, même en l'absence factuelle de l'autre. Elle construit également une structure parentale qui repose sur au moins deux piliers différents si ce n'est opposés, en définitive, complémentaires.
L'indifférenciation, source de confusion
A chaque fois, que nous nous plaçons dans la situation de remplacer un ou une absente, nous le faisons au risque de fragiliser l'édifice psychique de l'enfant. En effet, il est en demande de référents des deux sexes. Qu'une seule et même personne remplisse tous les rôles tend à effacer la différence des sexes. Or, c'est sur cette différence des sexes que l'architecture psychique repose. C'est une fois que l'enfant a construit et assumé son assortiment d'identifications plurielles (unique et signe de son individualité), qu'il est en mesure d'accéder à une vie épanouie et libre d'adulte.