Mode ZEN
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Exprimer son amour sans étouffer son enfant
Nous chérissons les enfants, nous leur cédons pas mal de caprices et de fantaisies. Symboliquement, nous leur offrons tout ce que nous aurions souhaité recevoir dans notre enfance. Nous leur exprimons ainsi notre amour dans un "toujours plus". Mais parfois nous sentons que notre amour pourrait devenir étouffant. Entre indifférence et amour fou, quel est le juste milieu pour être aimant sans devenir omniprésent ?
Un amour qui sécurise et ouvre le champ des possibles
Ce que l'enfant réclame, c'est de la stabilité et des repères fixes. Il a besoin d'intégrer une image solide de nous, ses parents. Il demande aussi à pouvoir expérimenter et explorer le monde. Ce monde doit être sécurisé à hauteur de ses compétences. L'essentiel pour lui est de ne pas se confronter à l'état de désaide. C'est-à-dire être dans l'incapacité de faire appel à l'autre protecteur, adulte. Si l'enfant avance en bravant les limites fixées, c'est parce qu'il cherche à valider leur pertinence, à s'assurer qu'un adulte, un parent, est immédiatement disponible. Parfois, cette disponibilité, il la questionne au prix d'une recherche implicite de sanctions.
Sécuriser n'est pas enfermer !
Aujourd'hui, le monde et les médias nous renvoient l'image d'un environnement hostile. Il ne l'est pas plus qu'en d'autres époques. Sans méconnaître les dangers existant, il est important de laisser à l'enfant un espace d'autonomisation afin qu'il exprime son potentiel à résoudre les problèmes qu'il rencontre. En l'enfermant dans un milieu sécuritaire, nous pensons le protéger. Nous le privons en fait d'une part de ses expériences et limitons le développement de son être.
L'enfant a besoin que nous lui fassions confiance !
Quel enfant ou adolescent n'a jamais pris les chemins de traverse pour aller chercher le pain? Ces écarts de conduite sont importants, ils lui permettent de tester sa capacité à faire face à l'imprévu. Limitées, ces transgressions l'autorisent à acquérir son autonomie. Elles lui confirment que ses parents lui font confiance. En s'arrangeant avec la réalité l'enfant détermine la crédibilité que ses parents lui accordent.
Le téléphone mobile et l'essentielle liberté
Depuis 10 ans, l'expansion de la téléphonie mobile fournit un bon exemple d'emprise. Avant l'entrée au collège de nombreux enfants détiennent un téléphone mobile. Tous les arguments sont bons pour ce cadeau ambivalent : "il pourra appeler en cas de soucis, il peut dire où il est, …", en fait, nous pourrons être rassurés de savoir où il est et ce qu'il fait. Symboliquement nous créons une attache ferme à l'enfant. Nous nous rendons potentiellement présents en permanence. L'adolescent a d'ailleurs bien compris comment user de cette ambivalence. S'il ne quitte jamais son mobile (voire y consacre des heures), nous remarquons qu'il ne l'a jamais sur lui ou que celui-ci est éteint lorsque ses parents l'appellent. Cette attitude exprime une demande de liberté : "Croyez ce que je vous raconte, faites-moi confiance, ne cherchez pas à trop en savoir : détachez moi". Le téléphone apparaît alors plus comme un objet parental, la voie d'une surveillance et d'un contrôle. Il nie l'importance pour l'enfant d'avoir une vie secrète et privée dans laquelle ses parents sont extérieurs.
L'aimer, c'est lui permettre de partir
A chaque âge de leurs vies, les enfants ont besoin de savoir qu'ils sont aimés et que le champ des possibles leur est ouvert. Les marques d'amour doivent prendre la forme d'une incitation à l'envol. Il est normal d'angoisser lors de leurs premières sorties entre amis ou lors de leurs premiers voyages scolaires. Mais ils ont besoin que nous leur manifestions notre confiance en maintenant une certaine distance, voire une certaine retenue. Le pari est réussi quand ils parviennent à réaliser des actes sans leurs parents et qu'ils sont heureux de leur raconter. Ils savent alors qu'ils ont acquis une maîtrise de leur environnement. Pour autant, ils ne nient pas leur importance. La juste distance, ils la résument ainsi : "mes parents je n'en ai pas besoin mais si j'ai un problème, ils ne me laisseront pas tomber".