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Eclairages sociologiques sur notre société
Traduction du socialisme dans le champ intellectuel, la sociologie se veut une étude du lien social.
Karl Marx et le ‘fétichisme de la marchandise’
Il élabora ses théories alors que les séparations entre les politiques, les journalistes et les intellectuels n’étaient pas encore élaborées. Il était d’ailleurs lui-même les trois à la fois et peut donc être perçu comme un savant descendant des Lumières.
Karl Marx fut le premier à investir le champ économique au travers d’une étude approfondie du capitalisme qui, selon lui, explique une grande part de l’histoire humaine : ce qui guiderait le monde serait le développement des ‘forces productives’, des richesses et l’évolution des modes de production.
Il décrit le capitalisme comme un instrument de domination dont la force réside dans le triomphe de la monnaie : mise en place d’un marché, mise en relation entre consommateurs et producteurs, développement des monopoles commerciaux, transformation des individus en salariés…
Selon Karl Marx : « Avec le développement des fils invisibles du capitalisme, les rapports que les hommes établissent entre eux ont pris la forme fantasmagorique d’un rapport entre les choses ». C’est ce qu’il appelle le ‘fétichisme de la marchandise’.
Emile Durkheim, liaisons à distance et répression
Le développement des liaisons à distance au sein de la société prit toute son ampleur à la fin du 19ème siècle. Pour Durkheim, elles constituent avec les relations de pouvoir, les deux éléments du lien social.
L’élaboration de la société démocratique et l’avènement de l’Etat-nation permettent de lier les individus par l’instauration de la loi. Son application à l’ensemble des habitants du territoire n’aurait toutefois pas été possible sans le développement des communications à distance, facilitées par la création du chemin de fer, du télégraphe, du téléphone et de la presse écrite.
Ainsi, bien que la création de l’Etat-nation fut contemporaine de la naissance des institutions répressives symbolisées par l’armée et la police, Durkheim ne conçoit pas la force comme un moyen de contrôle et de stabilité de la société : « Les plus forts parviennent bien à écraser les plus faibles ou à se les subordonner. Mais si le vaincu peut se résigner pour un temps à une subordination qu’il est contraint de subir, il ne la consent pas et ; par conséquent, elle ne saurait constituer un équilibre stable. Des trêves imposées par la violence ne sont jamais que provisoires et ne pacifient pas les esprits ».
Durkheim achève ainsi : « Les passions humaines ne s’arrêtent que devant une puissance morale qu’elles respectent ».
Vers une solution à l’individualisme
L’isolement des individus et l’éclatement des liens sociaux constituent, pour Durkheim, un ‘mal social’ du au développement anarchique des relations à distance. Son objectif était donc d’y instaurer une ‘chaleur humaine’ comparable à celle qui transparaît dans les relations familiales.
La création de groupes intermédiaires entre la famille et l’Etat lui apparaît comme la solution. L’accès des citoyens à l’éducation, notamment à l’histoire, pourrait permettre de comprendre les liens existants entre les habitants de la ‘nation’ ainsi que leur inscription dans son système de solidarité.
Le travail, parce qu’il permet le fondement d’un réseau d’interconnaissances autre que la famille, doit également s’inscrire parmi les groupes intermédiaires. Des liens affectifs pourraient en effet se créer, selon Durkheim, du fait des relations directes entre les salariés.
Conclusions
Malgré l’apport évident des théories durkheimmiennes, l’évolution de notre société nous pousse à espérer qu’il se soit trompé. Car, si la résolution du malaise social repose en effet sur une éducation qui serait le socle de l’égalité et de la solidarité entre les français, ainsi que sur l’instauration de relations directes et favorables dans le milieu professionnel, alors nous pouvons craindre pour notre avenir.
Beaucoup dénoncent en effet une éducation à plusieurs niveaux qui favorise le maintien des inégalités sociales. Quant au monde du travail, la dégradation des relations humaines y est flagrante et les relations à distance s’y développent de plus en plus.