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Dur(e) et inhumain(e) au travail ?
On ne peut résumer le monde du travail à la seule définition de la nature humaine des salariés (victime ou bourreau) car ce serait ignorer les influences des conditions de travail et des pratiques managériales.
L’adhésion au management par le stress
Les récentes mutations des organisations du travail conduisent à sa radicalisation : Menaces de licenciement, durcissement de l’ambiance, réduction des effectifs, augmentation de la charge de travail, demande d’adaptation constante…Du côté des cadres, l’adhésion à l’idéologie managériale est obligatoire et conduit irrémédiablement à la banalisation des techniques de management proches du harcèlement.
Dans son livre ‘Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés’ (1), Marie Pezé nous cite des exemples d‘enseignements’ transmis aux nouveaux cadres : « S’affirmer sur quelqu’un consiste à mettre la pression […] lui donner des objectifs irréalisables, sans moyen et en peu de temps […] on va vous donner quelqu’un et vous allez vous entraîner dessus. Vous avez la protection de la hiérarchie » (p23). Ainsi, la tolérance à la souffrance d’autrui devient un critère de recrutement et un équivalent de compétences.
Celui qui n’adhère pas à ces pratiques sera irrémédiablement mis au banc du collectif car toute remise en question risque d’atteindre les mécanismes de défense mis en œuvre pour supporter les conditions de travail. En se coupant de ses propres souffrances, l’individu devient aussi inaccessible à celle des autres.
Les salariés face à la souffrance
Certaines activités professionnelles exposent les salariés à la souffrance humaine, c’est le cas des policiers, des pompiers ou encore de ceux qui exercent dans le milieu de la santé. Pour y faire face, beaucoup s’alcoolisent : Ils lèvent ainsi les inhibitions et les mécanismes de censure morale, et soudent le groupe autour d’une pratique virile commune.
Pour conjurer la peur, le collectif érige en défense une culture de la virilité : Bravades, défis, manifestations de force musculaire, désobéissance etc…Celui qui refuse de se plier aux pratiques collectives devient une menace pour le groupe qui entre ainsi dans le mécanisme du harcèlement moral : humiliations, insultes, mise à l’écart du groupe, rétention d’information, langage autoritaire…
On notera que c’est bien l’exposition à des situations traumatisantes qui provoquent l’adoption, par le collectif, de pratiques entraînant le harcèlement moral, et non la nature d’un salarié dit ‘bourreau’. C’est donc bien l’organisation du travail qui doit être questionnée pour y mettre à jour le déni institutionnel de la souffrance de ses salariés. Par ailleurs, dans toute situation de harcèlement se retrouve, par l’analyse du réel du travail, le constat de la défaillance du management qui n’élabore pas de règles de métier permettant aux salariés de faire face aux difficultés inhérentes à leur métier : C’est là tout le champ de recherche portant sur les risques psycho-sociaux.
(1) M. Pezé, Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés, Journal de consultation ‘Souffrances et Travail’ 1997-2008, Ed Pearson, 2008, 209p