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Différences entre un psychiatre et un psychologue
Au-delà des spécificités des formations, quelles sont les différences fondamentales entre un psychiatre et un psychologue ?
La formation du psychiatre
Le psychiatre est un médecin, il a donc suivi le cursus de médecine générale avant de se spécialiser en psychiatrie. La première année d’étude, sanctionnée par un concours, consiste en un apprentissage théorique du tronc commun de médecine, la seconde année débute par un stage infirmier de quatre semaines en hôpital, stage qui se poursuivra ensuite tout au long de l’année par un après midi par semaine.
Le 2ème cycle de formation se déroule en quatre ans, le cursus porte sur des enseignements théoriques et pratiques sur la pathologie, la thérapeutique et la prévention. Le passage en 3ème cycle est soumis à la validation théorique ainsi qu’à la réalisation des stages hospitaliers et d’un stage auprès d'un généraliste.
L’accès au 3ème cycle est soumis à la réussite du concours d’internat et permet de s’orienter en psychiatrie sur un cursus qui s’étale sur 5 années supplémentaires.
La formation du psychologue
Il existe un grand nombre de spécialités à l’intérieur de la psychologie : cognitive (fonctionnement de l’intelligence, de la mémoire, du langage), sociale (étude du comportement des individus en société et dans l’intimité), clinique (maladies mentales, troubles du comportement et leurs thérapies), du travail, du développement (psychologie de l’enfant).
Les deux premières années d’étude consistent en une présentation générale de la psychologie et constituent un socle commun de connaissances. En troisième année, l’étudiant peut commencer à se spécialiser sur un champ plus précis. Un stage est obligatoire dans certaines facultés.
La quatrième année d’étude (anciennement maîtrise) marque un véritable tournant dans la formation, les cours sont désormais clairement spécialisés et un stage conséquent en situation de travail est sanctionné par la réalisation d’un mémoire. La plupart des étudiants franchissent cette étape en deux ans.
La cinquième année peut être un Master professionnel ou de recherche. Elle est accessible sur dossier et entretien, chaque session ne comporte qu’une quinzaine d’étudiants. A ce niveau, l’apprentissage théorique est limité à l’avantage d’un travail de terrain en stage, sur lequel portera le mémoire de fin d’étude.
Des approches différentes
En tant que médecin, le psychiatre perçoit son patient comme un malade atteint d’une certaine symptomatologie et nécessitant un traitement médicamenteux précis. L’entretien consiste donc en une énonciation de symptômes et se conclut par la remise d’une ordonnance.
L’approche du psychologue est fondamentalement différente, il établit des frontières beaucoup plus souples entre le normal et le pathologique. Il considère son patient comme un individu en souffrance, du fait d’une certaine histoire de vie ou d’un vécu traumatique. Sa pratique s’oriente avant tout sur une écoute et un accueil bienveillant. Il considère que le patient comme un acteur essentiel de la thérapie.
Le rôle de la parole
Fondamentale pour le psychologue, la parole est considérée comme un élément majeur de la thérapie puisqu’elle est le vecteur qui permet d’exprimer la souffrance, la signification des évènements de l’histoire du patient, de former le lien entre le sujet et le thérapeute. Enfin, elle est ce qui libère le patient de ses souffrances et lui permet d’accéder aux origines de ses troubles et de s’en libérer.
Dans un entretien psychiatrique, la parole n’occupe pas cette place centrale. Il arrive d’ailleurs fréquemment qu’elle soit interrompue par les questions du médecin ou par la sonnerie du téléphone. D’agent thérapeutique pour le psychologue, la parole est relayée au rôle de simple agent communicant auprès du psychiatre.
La relation thérapeutique
Le positionnement des deux professionnels vis-à-vis de la relation au patient est, là encore, différent. Chacun conçoit l’entretien comme un temps en dehors de la vie sociale, durant lequel le patient peut faire tomber le masque et se livrer sans peur d’être jugé et sans crainte que son discours ne soit répété.
Pourtant, le psychologue se considère davantage comme un guide : il écoute, oriente les réflexions, s’il pose des questions, elles sont ouvertes pour ne pas influencer sur les réponses, le discours est encouragé, relancé par des reformulations.
Le psychiatre, en tant que représentant de la médecine scientifique, se présente d’emblée comme un expert, c'est-à-dire celui qui sait. Il ‘expertise’ la situation, il l’évalue, juge en fonction de ses connaissances et de son expérience, il compare la symptomatologie aux référentiels des pathologies et établit un diagnostic.
Les méthodes
Elles diffèrent, voire s’opposent. Le traitement du psychiatre est essentiellement médicamenteux alors que celui du psychologue ne l’est jamais (le psychologue n’a pas le droit de prescrire des médicaments).
Les pratiques des psychologues sont très diverses, il existe en effet de nombreuses thérapies différant selon les écoles de pensées. D’inspiration psychanalytique ou comportementale et cognitive, leur variété offre un large choix en fonction des attentes et besoins des patients.