Mode ZEN
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Désirs de regarder, plaisirs de contempler
Voir et regarder sont deux moments importants de notre activité psychique. Le monde contemporain les a encore majorés en instituant le culte de l'image. Quel est le plaisir pris à voir ? Comment est-il à l'œuvre dans nos vies érotiques ?
Regarder ou voir ?
La vision est une perception que nous pouvons contrôler : fixer, détourner la tête, fermer les yeux… Nous sommes donc un peu responsables de ce que nous voyons. Pourtant, lors des scènes traumatiques, il semble que le trauma provienne de ce que nous n'avons pu nous empêcher de voir. Nous sommes captifs d'un spectacle que nous voudrions méconnaître. Ainsi, ces moments traumatiques possèdent deux paramètres qu’il est indispensable de prendre en compte : le contenu de la perception et notre attitude à son égard. Puisque nous sommes responsables de ce que nous avons vu, nous sommes aussi potentiellement coupables.
C’est quand il voit, et plus encore quand il regarde, que l'enfant découvre la culpabilité. Par la vision, il devient le témoin de ce qu'il n'a pas le droit de savoir (le sexuel) et qu'il aimerait pourtant connaître. Par la vue, il est renseigné sans avoir eu à demander. Le regard repose sur une volonté active et se traduit par un acte passif : percevoir. Dans la vue, activité et passivité sont imbriquées.
C’est quand il voit, et plus encore quand il regarde, que l'enfant découvre la culpabilité. Par la vision, il devient le témoin de ce qu'il n'a pas le droit de savoir (le sexuel) et qu'il aimerait pourtant connaître. Par la vue, il est renseigné sans avoir eu à demander. Le regard repose sur une volonté active et se traduit par un acte passif : percevoir. Dans la vue, activité et passivité sont imbriquées.
Désir de (sa)voir
Enfants, lorsque nous regardions, nous avions deux préoccupations en tête : comprendre comment les autres sont faits et comment nous-mêmes sommes faits. Le regard est le support de l'identification. C'est par adéquation ou différenciation que nous classons les objets et les êtres. Dès l'enfance, nous prenons plaisir à discriminer les objets à partir de leurs caractéristiques visuelles.
La grande question qui fonde ce comportement est d'arriver à appréhender une différence anxiogène : qu'est-ce qui diffèrencie les garçons des filles ? Toute notre libido est captée par cette réflexion. Ainsi s'explique l'intérêt des enfants pour l'anatomie sexuelle des autres et celle des animaux. Par le regard, nous espérons être renseignés sur une question princeps : la sexualité. Pour l'enfant, voir ça (le sexuel), c'est savoir ! La sexualité s’établit comme dépendante du regard.
La grande question qui fonde ce comportement est d'arriver à appréhender une différence anxiogène : qu'est-ce qui diffèrencie les garçons des filles ? Toute notre libido est captée par cette réflexion. Ainsi s'explique l'intérêt des enfants pour l'anatomie sexuelle des autres et celle des animaux. Par le regard, nous espérons être renseignés sur une question princeps : la sexualité. Pour l'enfant, voir ça (le sexuel), c'est savoir ! La sexualité s’établit comme dépendante du regard.
Plaisir de regarder
A l'âge adulte, le regard reste empreint de cette question sexuelle et universelle. A chaque fois que nous sommes en capacité d'en voir et d'en savoir quelque chose, nous retrouvons notre curiosité d'enfant et l'excitation qui l'accompagnait. C'est surtout l'érotisme masculin qui est assujetti à la vue. Enfants, ce sont souvent eux qui voulaient en savoir le plus. En effet, la différence des sexes est pour eux fantasmatiquement une perception effroyable. Elle leur laisse croire qu'il est possible de perdre son pénis (les filles n'en ont plus), c'est-à-dire d'être castré.
Pour surmonter cette angoisse, ils comprennent qu'ils sont indispensables aux femmes puisqu'ils peuvent leur apporter l'objet dont ils s’imaginent qu’elles manquent. Dès lors, ce qui était insupportable devient par renversement la justification même de leur importance. Les garçons l'emportent ainsi sur la menace de castration et se constituent comme puissants et virils.
Voir pour combler, être comblé
La vision devient dès lors nécessaire à la construction du désir, surtout masculin. Les hommes sont confirmés dans leur virilité et dans le fait qu'ils peuvent apporter à leur partenaire ce qui lui manque. Percevoir cette "béance" les rend puissants, conquérants et désirants.
D'ailleurs, ils sont prisonniers de la vue. Ils la placent au premier plan de leur sexualité : lingerie, tenue vestimentaire, bijoux portés par leur partenaire… Ce sont des artifices qui renforcent la différence des sexes. Ils doivent trouver chez elle quelque chose qui rappelle ce qui lui manque pour inconsciemment se penser en sauveurs. Cette propension à voir est encore confirmée par leur attrait pour la pornographie. Elle vient réveiller leur curiosité infantile et le plaisir pris à la satisfaire par le regard.
D'ailleurs, ils sont prisonniers de la vue. Ils la placent au premier plan de leur sexualité : lingerie, tenue vestimentaire, bijoux portés par leur partenaire… Ce sont des artifices qui renforcent la différence des sexes. Ils doivent trouver chez elle quelque chose qui rappelle ce qui lui manque pour inconsciemment se penser en sauveurs. Cette propension à voir est encore confirmée par leur attrait pour la pornographie. Elle vient réveiller leur curiosité infantile et le plaisir pris à la satisfaire par le regard.