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Dépression et stimulation magnétique transcrânienne
Cette nouvelle technique, actuellement étudiée par les chercheurs, pourrait apporter un mieux-être aux trois millions de Français souffrant de dépression. Selon une étude publiée dans les Archives of General Psychiatry, des impulsions magnétiques de faible intensité permettraient à certains patients de venir à bout de leur maladie.
Qu’est-ce que la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) ?
Cette technique repose sur l’envoi d’impulsions magnétiques sur la zone du cerveau responsable de la dépression. Selon le docteur Andrei Radtchenko, l'un des seuls psychiatres en libéral à utiliser la TMS, c'est « une méthode de modulation de l'activité neuronale. Le principe est d'utiliser une région superficielle du cortex cérébral comme moyen d'action sur des structures cérébrales plus profondes, comme le système limbique ».
Les fréquences utilisées sont beaucoup plus élevées que celles des téléphones cellulaires ou des fours à micro-ondes, et elles sont appliquées au cerveau des patients de manière très localisée et sélective.
Le déroulement d’une séance
Le patient s’installe sur un fauteuil équipé d’une bobine en forme de « 8 ». Portée par un fin bras mécanique, la bobine est simplement posée contre la tête du patient, sur la zone à traiter. Seuls de légers cliquetis témoignent du début du traitement.
La séance dure environ 15 à 20 minutes pendant lesquelles plus de 3 000 impulsions sont envoyées au cerveau. Le traitement est sans douleur et ne nécessite donc aucune anesthésie.
Valeur scientifique
Aux États-Unis, la TMS est une technique reconnue dans le traitement de la dépression. En France, « une étude nationale multicentrique est en cours depuis 2007, selon le docteur David Szekely, psychiatre au CHU de Grenoble. Elle porte sur individus dépressifs résistants aux antidépresseurs ».
Patients et médecins ignorent les individus recevant réellement des stimulations magnétiques et ceux recevant un placebo, ceci afin de garantir la fiabilité scientifique des résultats. Trois groupes ont été créés, le premier est traité par TMS et antidépresseur, le second par une bobine placebo et un antidépresseur et, enfin, le troisième par TMS et antidépresseur placebo.
Des effets favorables ont été constatés dans 30 à 50 % des cas, le taux de rémission reste modeste (environ 15 %). Selon le docteur Radtchenko, « les résultats peuvent se faire sentir en quelques jours, mais il existe des non-répondeurs, comme pour tous les traitements de la dépression ».
Comment bénéficier de ce traitement ?
25 centres spécialisés dans le traitement de la dépression utilisent actuellement cette technique dans le cadre de la recherche scientifique citée ci-dessus. En libéral, les psychiatres qui l'emploient sont très peu, notamment en raison du coût d’investissement : 40 000 à 60 000 euros par machine. En revanche, si la recherche permet d’agréer la TMS, l’offre de soins pourrait alors largement augmenter.
En ciblant différentes aires cérébrales, cette technique pourrait également se montrer efficace dans le traitement de multiples pathologies, telles que les hallucinations des schizophrénies, les troubles obsessionnels compulsifs, les douleurs chroniques, la maladie de Parkinson, l'épilepsie, la rééducation des attaques cérébrales, la fibromyalgie…
Ce traitement, s'il représente un espoir pour toutes les personnes souffrant de dépression, demeure aujourd'hui au stade expérimental. Plusieurs pistes sont explorées pour améliorer ses résultats comme l’utilisation d’aimants plus performants ou encore des techniques permettant un meilleur repérage (actuellement empirique) de la zone cible (cortex préfontal dorso-latéral).