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Comment parler de la mort aux enfants?
Confrontés à la crainte de ne pas « savoir dire », beaucoup d'adultes préfèrent ne pas parler de la mort à leur enfant. Il n’existe pas d’outil ou de méthode universelle car chaque décès concerne une personne unique avec laquelle l'enfant avait des relations spécifiques.
Comment « bien » réagir?
Il s’agit avant tout d’écouter la parole de l’enfant et d'être attentif à ses réactions. L’adulte doit pouvoir se détacher de ses propres ressentis et de ce qu’il espère entendre. Cette distance peut être particulièrement difficile à tenir pour une personne elle-même en souffrance, c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à faire appel à un professionnel extérieur à la famille pour aider son enfant.
Les paroles de consolation sont inutiles car l’enfant, comme l’adulte, ne pourra retrouver la personne décédée ; en cela, il se ressent comme inconsolable. L’enfant doit donc pouvoir la pleurer aussi longtemps et aussi intensément qu’il en ressent le besoin. Les parents ne peuvent qu’accompagner l’enfant dans cette souffrance, offrir leur épaule et leur bras, et surtout ne pas détourner leur regard.
Face aux difficultés de parler de la mort aux enfants, bon nombre d’adultes préfèrent se taire, craignant ses réactions et ses questions. Mais plus que tout, parler de la mort à son enfant, c’est aussi le considérer, lui aussi, comme un être mortel. Les secrets, les silences, les non-dits ne protègent en rien les enfants, ils sont simplement des tentatives pour les parents de fuir la dureté de la réalité.
Comment répondre aux questions des enfants?
L’enfant peut poser ses questions immédiatement ou de façon différée, prenant ainsi l’adulte au dépourvu. Elles sont souvent très directes et concernent généralement l’état du corps, le moment de la mort et ce qui la suit.
Les représentations que l’enfant se fait de la mort au travers des médias, des photos ou de tout autre support, sont extrêmement violentes et peuvent accentuer son traumatisme. Il attend simplement la vérité et ce, quelles que soient les circonstances, pour donner du sens au décès et confronter la réalité à ses propres théories.
Lorsque l’enfant exprime une culpabilité, il est totalement inutile de lui répéter qu’il n’est pas responsable, car il s'agit d'un mécanisme complexe qui s’appuie sur les pensées de l’enfant et sa perception de cette mort, perception dont le parent ne sait rien. Il s’agit donc de comprendre l’origine de ce sentiment et non de le nier.
Exemples de questions d’enfants
• « Est-ce qu’elle a toujours ses cheveux de princesse ? » (Mathias, 4 ans, dont la sœur est morte dans un incendie)
• « Elle est morte en arrivant ou elle est morte pendant la chute ? » (Vincent, 14 ans, dont une camarade s’est suicidée par défenestration)
• « Quand on est mort, on a froid ? » (Benjamin, 3 ans)
• « Tu crois qu’elle s'ennuie dans sa boîte ? » (Nicolas, 4 ans, dont la sœur est décédée)
• « Le corps de mon papa, il était comment quand on l’a retrouvé : il était tout gonflé ou il manquait des morceaux comme ces corps sur les photos des journaux ? » (Laura, 8 ans dont le père a disparu dans un tsunami)
• « Il était brûlé comment : un peu brûlé ou carbonisé comme dans les barbecues ? » (Alima, 5 ans, dont les camarades sont décédés dans un incendie)
L’essentiel
L’adulte doit tenter de comprendre ce que l’enfant a perçu du décès et l’accompagner en fonction de ses ressources psychiques. Le parent doit se mettre à la hauteur de l’enfant. Il est essentiel de lui laisser un espace de paroles et d’écoute, où il pourra parler librement sans craindre de blesser ses proches.
Les professionnels de l’enfance insistent particulièrement sur quatre points essentiels à expliciter aux enfants :
• le corps ne souffre plus après la mort ;
• le défunt n’est pas en danger ;
• il n’est pas seul, la famille va continuer de s’occuper de lui au mieux ;
• il ne sera pas oublié, il est possible de continuer à l’aimer en gardant le souvenir et en pensant à lui.