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Choisir le même métier que son père
Pour l’adolescent, le choix de l’orientation professionnelle intervient dans une période de détachement voire d’attaque du modèle parental. Il est donc parfois difficile de différencier un intérêt réel pour une autre carrière que celle des parents, d’une révolte ‘normale’ contre leur figure.
Les données sociologiques
La démocratisation des études n’a pas mis fin aux héritages professionnels ni aux grandes lignées familiales. Selon un rapport de l’Insee (1), 58 % des garçons de 15 ans dont le père exerce une profession intellectuelle ou scientifique souhaitent suivre cette même voie, contre 36 % pour l'agriculture ou l'artisanat et seulement 4 % dans le milieu ouvrier.
L’influence du parcours du père est également très marqué vis-à-vis du futur statut social de l’enfant : Lorsque le père ne possède pas de diplôme, 50% des enfants sont ouvriers et seulement 10% parviennent au niveau de l’enseignement secondaire. La proportion de cadre et le niveau de rémunération des enfants augmentent ainsi proportionnellement au niveau d’étude du père.
Plus qu'un déterminisme génétique, il semble que ces corrélations s'expliquent par les conditions de vie de l'enfant et les ressources mises à sa disposition: On peut en effet supposer que celui dont le père a fait des études, bénéficiera plus facilement d'aides aux devoirs, soit par l'intermédiaire de cours particuliers, soit directement par le père. De même, les métiers sans qualification s'accompagnant souvent d'horaires décalés, la présence du père pourra être moindre aux côtés de l'enfant.
Les facteurs environnementaux
Si les chercheurs s’opposent encore régulièrement sur la définition de l’intelligence, tous s’entendent pour reconnaître l’influence de l’environnement sur l’évolution des enfants : L’exposition précoce à certains stimuli participe en effet au développement des capacités qui y sont associées.
L’ensemble de ces éléments tend donc à définir la profession du père comme contour d’un environnement particulier, dans lequel est plongé l’enfant et qui serait favorable à l’acquisition et au développement des facultés mises en œuvre par le père. Ainsi la proximité entre l’enfant et le père, en situation d’utilisation de ses compétences, pourrait permettre un apprentissage par familiarité et observation.
Les travaux de Salovey et Mayer sur le quotient émotionnel appuient également cette hypothèse. Ils ont en effet démontré la prévalence des émotions dans l’exploitation des capacités individuelles. Or, si l'enfant peut observer son père en situation de travail, on peut supposer qu'il assimilera également les affects qui y sont liés.
Les facteurs psychologiques
Certaines professions, lorsqu’elles sont exercées par le père, provoquent une attitude de mimétisme plus forte que d’autres. C’est le cas, par exemple, du métier de policier, de celui de médecin, d’artiste ou encore de politicien.
Dans l’imaginaire collectif, ces professions sont toutes associées à des représentations valorisantes : Le policier tient une posture héroïque, le médecin occupe un rôle de sauveur, l’artiste est adulé, le politicien symbolise le pouvoir.
Ainsi, lorsque le père, par sa position sociale et professionnelle, renvoie à son enfant une image proche de la figure paternelle primaire (chez le tout-petit, le père représente l’autorité, la force, la puissance), il semble davantage enclin à suivre ses traces. Ce processus d'imitation, souvent présenté comme conscient lorsqu'il est abordé sous l'angle du simple choix d'orientation, semble donc en lien avec un désir inconscient de proximité voire de remplacement du père (phénomène pouvant lui-même être associé à l'Oedipe et au désir de prendre la place du père).
(1) : Source : enquête Formation et qualification professionnelle 2003, Insee.