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Capitalisme industriel / capitalisme financier
En quelques décennies, le monde du travail a basculé du capitalisme industriel au capitalisme financier. Pour autant, l’esprit du premier s’oppose assez largement à l’esprit du second en termes d’idéologie, d’objectifs, de pratiques managériales et organisationnelles. (1)
Du métier au profit
Bill Gates, Martin Bouygues ou encore Steve Jobs ont tous trois construit un empire industriel ; en cela ils constituent des modèles de réussite entrepreneuriale. Sous l’ère du capitalisme industriel, les grands patrons étaient des personnes passionnées par leurs activités.
Le rapport au travail du capitalisme financier est fondamentalement opposé : l’entreprise n’est plus un objet à construire ou à développer mais un outil permettant la réalisation de profit. L’entreprise doit être engraissée, poussée à son maximum puis pressée pour en tirer un maximum de bénéfices.
Dans cette conception, l’Homme tient une place de rouage ; il n’est plus reconnu pour ses compétences et sa qualité de travail mais pour sa capacité à s’adapter, à s’investir corps et âme dans l’organisation et à atteindre la rentabilité la plus grande. Il est un outil parmi les machines de l’entreprise, dont l’exploitation de la force et de la métis permet l’atteinte de l’objectif de rentabilité.
Le rapport au temps
Le capitalisme industriel se développait sur un temps tout à fait important. En effet, basé sur l’œuvre d’un métier, il s’inscrivait sur la durée de la vie du créateur et de l’entreprise, construction vouée au développement de cette œuvre.
Sous l’égide du tout financier, le temps n’existe plus si ce n’est pour le réduire à son plus petit élément. L’organisation cherche à produire avec le rythme le plus court possible et s’appuie notamment sur les nouvelles technologies qui institutionnalisent la culture de l’immédiateté.
Le travail de la bourse symbolise l’exemple le plus extrême de ces pratiques : les ordres sont désormais passés à la milliseconde près, cette ‘avance’ si minime soit-elle permettant des gains substantiels sur ses concurrents. Ces temps sont aussi ceux des Hommes et poussent inexorablement vers l’aliénation.
Clinique des capitalismes
L’esprit du capitalisme industriel s’oppose en tous points à celui du capitalisme financier : les rapports au métier, au travail, au temps mais aussi au profit diffèrent et se confrontent largement. L’objectif du premier était la construction d’une œuvre de métier. Il s’agissait de bâtir dans la durée et de révolutionner la société et ses modes de vie. Les bénéfices financiers ne constituaient pas un but en soi mais étaient une conséquence de la réussite. En ce sens, on peut dire que le capitalisme industriel se fondait sur une pulsion de réalisation.
Le capitalisme financier ne considère pas le travail, il n’y accorde aucun intérêt si ce n’est celui de la rentabilité de la production. L’entreprise est un moyen d’engranger un maximum d’argent et est totalement détachée de l’évolution de la société dans laquelle elle s’insère (et donc des résonances sociales, culturelles, environnementales ou politiques qu’elle engendre). Le capitalisme financier se fonde donc sur une pulsion d’accumulation combinée d’un délire de l’illimité (toujours plus de rentabilité, toujours plus d’argent…).
Les corps physiques et psychiques sont entièrement subordonnés au totalitarisme de la captation financière. Le travail et le métier perdent alors leur consistance et leur sens, ils deviennent des entités abstraites qui n’intéressent pas les dirigeants ; autant de processus que l’on peut considérer comme des expressions de la pulsion de mort.
(1) D’après les travaux de Danièle Aubert, professeure de sociologie clinique