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Cadre d’une thérapie analytique
La thérapie analytique s’est construite dans un prolongement de la cure psychanalytique. Elle en conserve donc les bases théoriques et conceptuelles tout en s’orientant davantage vers la pratique.
La disposition du cabinet
La psychothérapie analytique implique la disparition du divan au profit de la disposition de fauteuils en face à face. Ainsi, contrairement à la cure psychanalytique, le patient voit l’analyste et vice et versa.
Cet agencement permet au patient de ressentir l’attention spécifique (elle est adaptée à son état) et de faciliter les processus transférentiels puisque la vue de l’analyste intensifie les mécanismes identificatoires.
La mise en œuvre de cette attention spécifique engendre une relation de compréhension mutuelle qui rappelle la fonction symbolique maternelle. La continuité de la présence de l’analyste la convoque particulièrement puisque la disposition en face à face est adaptée à la résolution des deux principales angoisses du Moi : l’angoisse de perte et l’angoisse d’intrusion.
Le face à face permet également à l’analyste de percevoir l’ensemble des communications verbales et non verbales (la psychanalyse se base uniquement sur la parole) et donc de mieux appréhender les différentes variations des affects. Cette étude plus globale de l’économie du sujet durant la séance permet au thérapeute d’adapter ses comportements (parole, tonalité, silence, gestuel…) afin de favoriser la relation thérapeutique.
La vie infantile
Freud disait en 1919: « ne mérite d’être reconnue psychanalyse correcte que l’effort analytique qui a réussi à lever l’amnésie qui dissimule à l’adulte la connaissance des débuts de sa vie infantile » mais il poursuivait ainsi : « En mettant l’accent sur l’importance des premières expériences vécues, on ne sous-estime pas pour autant l’influence des expériences plus tardives ; mais les impressions de la vie qui viennent après parlent assez fort dans l’analyse par la bouche du malade, alors que c’est au médecin d’élever la voix en faveur du droit de l’enfance. »
La connaissance de la vie infantile demeure la fonction principale de l’analyste, qu’il agisse dans le cadre d’une psychanalyse ou d’une thérapie analytique. Cependant, dans le deuxième cas, elle est secondaire, non qu’elle soit perçue comme moins fondamentale mais parce que les représentations infantiles n’appartiennent pas toutes au refoulé : elles peuvent infiltrer les perceptions du sujet et les transformer en une sorte d’hallucination.
Balestrière en 1998 affirmait ainsi que la perception n’était pas immédiate puisqu’elle traverse la conscience (contenant les processus primaires) avant de devenir effective. Lorsque ces perceptions ne sont pas intégrées dans les processus secondaires, elles peuvent agir telles des hallucinations.
Les perceptions peuvent ainsi mettre à jour des cauchemars ou des fantasmes rappelant la précarité du lien à l’autre. Telles sont les craintes d’être abandonné, rejeté ou d’être fautif. Cette préoccupation est centrale dans une thérapie analytique, elle sous-tend notamment la disposition en face à face ainsi que la symbolique entourant la présence du thérapeute par le contact visuel.
L’attitude de l’analyste
Le principe de la psychanalyse est celui de la libre association et d’une suggestion la plus restreinte possible. Dans une thérapie analytique, le thérapeute intervient davantage, il n’hésite pas à questionner et à donner des orientations à son patient.
L’activité de l’analyste est particulièrement marquée dans le rôle de libération du Moi. Cette fonction est capitale mais ne soit pas être confondue avec celui d’un renforcement du Moi qui aboutirait à ‘troquer’ une dépendance à une autre (envers l’analyste).
Le rôle du thérapeute est de libérer l’espace du Moi, c'est-à-dire de travailler à la suppression des identifications aliénantes. Pour ce faire, le thérapeute doit laisser libre court aux processus défensifs mis en place par le sujet en le laissant contrôler le face à face, tout en étant attentif aux variations des émotions qui seront progressivement incluses dans le transfert et permettront au thérapeute de les analyser.