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Auditeurs de radios : sociologie et stations
Le développement de la radio, dans les années d’après-guerre, a permis l’appropriation de la production culturelle et politique par la population. En cela, il s’agit d’une technologie de culture de masse.
La radio et son public
A l’opposé des produits culturels tels que le cinéma ou le théâtre, la radio présente la caractéristique d’entrer directement à l’intérieur des foyers et de libéraliser l’accès à la parole et au dialogue. Alors que les séances d’information du cinéma définissaient le public comme ‘simple’ spectateur recevant un message, la radio tisse des liens entre ceux qui font l’information et le public.
L’organisation des temps de programmation marqua un tournant important dans l’histoire de la radio, qui passa d’un statut de média de culture savante à celui de média de culture populaire. Ainsi deux sortes de conception de la radio émergèrent progressivement : l’une favorise le discours et lui offre un temps d’élaboration et de diffusion, alors que la seconde se focalise sur la transmission du message et l’atteinte de son objectif.
Ce second mouvement vit la naissance des techniques de communication telles que le slogan, il ne s’agit plus de favoriser le débat d’idées mais d’influencer les auditeurs. Les dialogues sont donc coupés ou instrumentalisés. En cela, ils réorganisent le rapport des auditeurs au temps et font de la culture une marchandise.
La radio comme culture marchande
La logique marchande se traduit notamment par une spécialisation de l’entreprise dans un produit ainsi que dans la recherche de monopoles. Rien d’étonnant, donc, au fait qu’une grande part des stations de radio ait défini un public-cible et construit leurs programmes dans l’objectif de les séduire. Ce faisant, ces stations ont abandonné leurs missions de service public.
L’offre radiophonique actuelle se compose ainsi d’une grande diversité de stations, représentées sous 5 grandes catégories : les radios ‘jeunes’ (NRJ, Fun radio, Skyrock…), adultes (Nostalgie, Virgin, RTL2…), généralistes (RTL, Europe 1), de service public (France Inter, France Culture, France Bleu…), ou encore associatives.
Quels emplois de la radio ?
Malgré l’affection certaine des français pour la radio, très peu d’études se sont intéressées à ce média, qu’il s’agisse de s’interroger sur les besoins auxquels il répond, sur les influences dont il dispose sur les opinions des auditeurs ou encore sur ses aspects sociologiques. Cette carence soulève d’ailleurs des interrogations en elle-même : pourquoi ce média, malgré sa force et ses liens avec l’histoire française (l’appel du général De Gaulle par exemple), ne suscite-t-il pas ou peu d’investigations ?
Lors d’une étude menée par l’institut Ipsos MédiaCT (lien), il est intéressant de noter que 84% des auditeurs de Radio France souhaitent témoigner de leurs expériences ou encore que 80% désirent enrichir les débats proposés et réagir sur l’actualité. Ainsi, ces auditeurs semblent percevoir la radio comme un outil de participation à la vie démocratique.
A l’inverse, la démarche des radios-jeunes se présente comme une réponse aux besoins individuels et non plus comme un mouvement allant de l’individu vers la société. Ainsi, les programmes proposés par ces stations s’inscrivent en tous points dans les réponses aux problématiques de l’adolescence : levée des tabous et des interdits, remise en question des modèles parentaux et présentation de nouveaux modèles représentés par les stars valorisées, transmission d’une certaine culture de la ‘révolte’ et de la dénonciation etc…