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Agriculteur de père en fils : une douce révolution ?
Ces dernières années, le monde agricole a connu de profondes mutations, tant dans le contenu du métier d’agriculteur que dans les compétences et ressources nécessaires pour l’exercer.
Principaux changements
A la suite de la seconde guerre mondiale, la France connut une grande période de pénurie et de dépendance alimentaire vis-à-vis de ses voisins. Des efforts considérables furent donc consentis et firent de notre pays le premier producteur européen et le second exportateur mondial de produits agro-alimentaires.
Ces mutations eurent lieu au prix d’une profonde transformation du métier de l’agriculteur qui passa d’une logique artisanale à une logique productive, ce qui lui permit notamment de multiplier ses revenus par 3 en un peu plus de 40 ans.
Le profil de l’agriculteur évolua rapidement vers une qualification technique de plus en plus élevée, notamment en termes de gestion comptable et stratégique de l’exploitation. Parallèlement, les attentes de la population envers les agriculteurs se modifièrent en se tournant vers une prévention environnementale et une meilleure qualité des produits.
Le rapport à la terre
Les agriculteurs formés avant la crise de surproduction agricole des années 1980, ont adopté une représentation de la terre basée sur le seul objectif de production : format des parcelles, utilisation de produits et pesticides, arrachage des haies etc… A l’inverse, les jeunes générations rejettent massivement les paysages issus de l’intensification agricole au profit de la conservation des paysages ruraux.
Selon une étude réalisée par Cadiou et Luginbühl en1995 « ils identifient souvent bien le rôle tenu par les activités agricoles dans la structuration des paysages de bocage, et font par là même des parallèles entre les caractéristiques paysagères d’un espace et la vitalité des sociétés rurales qui l’occupent ». L’évolution de ces représentations permet aux jeunes générations de mieux comprendre certaines des normes qui leurs sont imposées, telles que le remembrement forestier.
Une rupture identitaire
Historiquement, les agriculteurs appartiennent au monde rural, anciennement au monde paysan, qui s’oppose aux citadins, habitants des grandes villes françaises. Alors que les deux espaces ont longtemps été perçus en opposition, on assiste aujourd’hui à de plus en plus de ‘transferts’ entre les deux milieux.
Le développement de l’acquisition de propriétés sur tout le territoire par les français et les européens, a conduit à une perception de l’espace rural comme une ‘scène sociale secondaire’ de plus en plus investie. Par ailleurs, l’amélioration des infrastructures de transport a facilité les échanges et les déplacements, conduisant ainsi progressivement à une ‘mixité’ des cultures citadine et rurale.
Perméables aux représentations sociales nouvellement portées sur leur profession en tant qu’acteur de l’environnement, l’identité professionnelle des agriculteurs se modifie et s’ouvre à de nouvelles activités liées aux valeurs de bien être et de ‘vie saine’. C’est ainsi qu’un bon nombre se dirige vers l’agriculture biologique, alors que d’autres se diversifient en intégrant un commerce de gîte rural ou tout autre activité touristique, et que certains finissent par totalement délaisser l’agriculture pour d’autres professions.