Ce qui m’apaise vraiment… et ce que je crois m’apaiser

Face au stress, à l’anxiété ou au mal-être diffus, nous développons tous des réflexes d’apaisement. Certains se jettent dans le travail, d’autres dans les réseaux sociaux, la nourriture, les séries, le sport ou les pensées répétitives. Ces gestes ou habitudes donnent l’impression d’apaiser. Mais le calme ressenti est souvent de courte durée, et l’agitation revient, parfois plus forte. Alors, qu’est-ce qui nous apaise vraiment ? Et qu’est-ce que nous utilisons comme écran, sans en avoir conscience ?
Les faux apaisements : une réponse de surface
Se distraire, s’occuper, se déconnecter : autant de façons de se couper de l’inconfort intérieur. Ce n’est pas forcément négatif, cela peut même être utile dans l’urgence. Mais à la longue, ces réponses deviennent des automatismes qui masquent le symptôme sans le traiter. On croit s’apaiser, mais on évite surtout de ressentir. Ces « faux apaisements » créent parfois une dépendance : à la performance, au contrôle, à la stimulation. Et le malaise profond reste intact, juste déplacé.
Ce qui apaise vraiment : une rencontre avec soi
Un vrai apaisement ne passe pas par l’effacement de l’émotion, mais par sa reconnaissance. Ce qui apaise en profondeur, ce n’est pas fuir, mais se permettre d’accueillir. Cela peut passer par une parole sincère, un silence habité, une respiration attentive, une mise en mots. Ce sont souvent des gestes simples, mais exigeants : se laisser ressentir, sans se juger. Certains moments de contemplation – observer un paysage, écouter le vent, regarder la lumière évoluer – offrent un accès direct à cette présence à soi. La respiration méditative, elle, permet de ramener doucement l’attention vers l’intérieur, de ralentir le flot mental sans chercher à le contrôler. Car l’apaisement authentique ne calme pas seulement un symptôme, il restaure une cohérence intérieure.
Pourquoi confond-on si souvent les deux ?
La confusion entre ce qui apaise et ce qui anesthésie vient du besoin immédiat de soulagement. L’inconscient pousse parfois vers ce qui est connu, répétitif, rassurant à court terme. On recrée un scénario familier, même s’il n’est pas réparateur. C’est aussi une question de seuil : ce que l’on croit tolérable peut en réalité être vécu comme insupportable, d’où la fuite vers des solutions rapides. Mais repérer cette mécanique, c’est déjà en sortir un peu.
S’autoriser à chercher autre chose
Il ne s’agit pas de bannir les distractions ou les mécanismes de protection. Il s’agit de ne plus les confondre avec des réponses profondes. Parfois, ce qui nous apaise vraiment est plus discret, moins spectaculaire : une conversation vraie, une marche lente, une écriture spontanée, un silence qui ne pèse pas. Un instant de contemplation silencieuse, quelques respirations conscientes, un moment d’immobilité peuvent suffire à rétablir un lien avec soi. L’enjeu est de se demander : après ça, est-ce que je me sens plus vivant·e, plus connecté·e à moi ? Ou simplement soulagé·e un instant ? C’est cette honnêteté-là qui, peu à peu, ouvre un espace plus stable en soi.