Psychologie

C’est souvent discret, parfois fulgurant, toujours déroutant. L’attirance envers un supérieur hiérarchique au travail suscite autant de fantasmes que de conflits intérieurs. Est-ce un véritable élan amoureux, une projection inconsciente, ou un désir lié au pouvoir que l’autre incarne ? L’amour au travail n’est jamais neutre, encore moins lorsqu’il vise celui ou celle qui occupe une position d’autorité.

Le pouvoir comme déclencheur de désir

Dans le regard du patron, il y a souvent bien plus qu’un visage ou un style. Il y a une fonction, un statut, une place symbolique qui structure le lien. Le désir peut s’ancrer dans cette asymétrie, non pas parce qu’elle est perverse, mais parce qu’elle réactive des schémas inconscients où l’autre occupe un rôle protecteur, sécurisant, parfois idéalisé. L’autorité attire autant qu’elle rassure.

Un transfert plus qu’un amour ?

Il arrive que cette attirance repose sur un transfert. L’image du patron peut cristalliser celle d’un parent, d’une figure fondatrice, d’un idéal du moi. Ce que l’on croit aimer chez l’autre, c’est parfois une part de soi oubliée, admirée ou projetée. La hiérarchie offre alors un cadre structurant où l’élan affectif se sent permis, balisé – et donc moins angoissant que dans une rencontre aléatoire.

La confusion entre reconnaissance et attachement

La reconnaissance professionnelle, surtout dans une relation hiérarchique, peut être confondue avec un sentiment plus intime. Être vu, valorisé, encouragé par quelqu’un qui a du pouvoir peut activer une gratitude profonde, qui glisse insensiblement vers une forme de lien affectif. Le risque : prendre une validation professionnelle pour un écho amoureux.

Une attirance parfois défensive

Aimer un supérieur peut aussi être une manière de s’interdire un lien réel. La situation, objectivement compliquée ou impossible, permet de maintenir le désir dans l’imaginaire. On aime l’idée de l’autre plus que l’autre lui-même. Cela évite le risque de la réciprocité, de la confrontation à la banalité ou à l’imperfection de l’autre, si la relation devenait réelle.

Que faire de ce sentiment ?

Rien ne sert de juger l’émotion. Elle dit quelque chose. Il ne s’agit pas de la nier, mais de comprendre ce qu’elle mobilise en soi : un besoin de reconnaissance ? Une fascination pour le pouvoir ? Un désir de cadre ou d’abandon ? Parfois, cette prise de conscience suffit à redonner sa juste place au sentiment. D’autres fois, il devient nécessaire de poser des limites concrètes pour préserver son équilibre – personnel et professionnel.

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