Anxiété et peurs : une souffrance difficile à nommer

L’anxiété chez l’enfant se manifeste souvent de manière insidieuse, comme une souffrance diffuse, difficile à identifier et à comprendre. Contrairement aux peurs immédiates et concrètes, telles que celles liées à l’obscurité ou à des situations spécifiques, l’anxiété envahissante prend racine dans une inquiétude persistante et souvent sans cause apparente. Cette anxiété n’est pas un simple sentiment de malaise, mais une souffrance psychologique que l’enfant ne parvient pas toujours à exprimer ou à identifier. Au lieu de se manifester par des mots, elle s’inscrit dans des comportements ou des symptômes physiques qui brouillent l’origine réelle du mal-être.
Quand la peur est diffuse et sans nom
L’un des défis majeurs pour l’enfant anxieux est de pouvoir mettre des mots sur un ressenti flou et inexpressible. Alors que certains enfants expriment leurs peurs de manière claire (« j’ai peur du chien », « je n’aime pas l’école »), d’autres vivent une angoisse diffuse, sans objet concret ni situation identifiable. Ce type d’anxiété se traduit souvent par un sentiment général de malaise, d’inquiétude permanente, ou de tension corporelle, mais l’enfant ne sait pas toujours en donner une explication précise. Par exemple, un enfant peut se sentir épuisé, irritable ou avoir des troubles du sommeil sans comprendre pourquoi il ou elle éprouve un tel mal-être.
Les signes physiques : une expression silencieuse de l’anxiété
Les peurs envahissantes prennent souvent des formes physiques : maux de ventre, maux de tête, nausées, ou même tensions musculaires. Ces symptômes sont très réels pour l’enfant, mais ils sont perçus comme des maux sans cause évidente. Par exemple, un enfant peut se réveiller chaque matin avec une douleur au ventre, ou encore pleurer à l’idée d’aller à l’école, mais ne pas être capable de dire pourquoi il a peur. Ces manifestations physiques sont souvent interprétées comme des maladies banales ou des caprices, sans comprendre leur lien profond avec une anxiété silencieuse.
L’impossibilité de nommer la peur : un obstacle supplémentaire
Cette forme d’anxiété est particulièrement difficile à prendre en charge parce que l’enfant ne sait pas comment expliquer son mal-être. Parfois, les adultes eux-mêmes peuvent ignorer les signes d’anxiété, les attribuant à des comportements capricieux ou à des soucis passagers. Mais derrière cette apparente absence de cause se cache une véritable souffrance psychologique : l’incapacité de l’enfant à exprimer ses peurs et son anxiété de manière verbale. Cette absence d’expression verbale rend difficile le processus de compréhension et de résolution de la souffrance, d’où le sentiment de frustration tant pour l’enfant que pour l’adulte.
Répondre à l’anxiété sans objet : créer un espace de compréhension et de sécurité
Face à cette anxiété diffuse, l’objectif n’est pas d’éliminer la peur par la raison, mais de créer un espace où l’enfant se sent écouté·e, rassuré·e et soutenu·e, sans jugement. Il est essentiel d’accepter que, même sans pouvoir nommer précisément la peur, l’enfant doit sentir qu’il ou elle est pris·e au sérieux. Des réponses rassurantes, une écoute constante, ainsi qu’une approche bienveillante face aux symptômes physiques aident à créer un environnement où l’enfant peut progressivement exprimer ce qui le tourmente, même sans savoir de manière claire ce qu’il ressent.