Psychologie

Un message reste sans réponse. Une conversation s’arrête net. Une rencontre prometteuse s’évanouit dans le silence. Ce phénomène aujourd’hui nommé ghosting n’est pas qu’un effet de l’ère numérique ; il révèle une manière contemporaine – et profondément défensive – d’éviter la relation. Derrière ce comportement apparemment brutal se cachent souvent des angoisses, des conflits internes, voire une incapacité à symboliser la séparation.

Le silence comme esquive de l’inconfort

Disparaître sans un mot peut sembler violent pour celui ou celle qui le subit. Mais pour celui qui ghoste, il s’agit parfois d’une incapacité à affronter l’inconfort du refus, de la confrontation ou de la mise en mots. L’autre devient alors une figure d’angoisse : dire “non”, “je m’arrête là”, ou simplement “je ne sais pas” active un malaise que le silence vient anesthésier.

Une défense contre la vulnérabilité

Le ghosting n’est pas toujours le fait d’un manipulateur ou d’un être indifférent. C’est aussi – et souvent – une stratégie défensive : fuir pour ne pas être vu, jugé ou blessé. Certains disparaissent au moment où le lien devient un peu plus réel, quand l’autre commence à les toucher. Parce qu’ils ne savent pas comment être en lien autrement que dans le fantasme ou la séduction superficielle, ils coupent net dès que l’intimité menace.

Quand l’attachement insécure s’exprime en creux

Le ghosting peut révéler une forme d’attachement insécure, évitant. Ne pas répondre, ne pas clôturer, permet de garder une forme de contrôle sur le lien, tout en évitant de trop s’y exposer. Le silence devient alors un langage de protection, une manière d’être “absent présent” – ni vraiment là, ni tout à fait parti.

L’effacement plutôt que la séparation

Il existe aussi une dimension plus archaïque : pour certains, dire “je m’en vais” équivaut à une agression. Ils préfèrent s’effacer plutôt que d’avoir à supporter la culpabilité, la tristesse ou la colère de l’autre. Le ghosting est alors une tentative d’évitement de la séparation symbolisée. On part, mais sans dire qu’on part – pour ne pas porter ce geste.

Pour celui ou celle qui subit : une blessure narcissique

Être ghosté provoque un choc. Non seulement la perte, mais le sentiment de ne pas exister assez pour mériter une explication. Cela réactive souvent des blessures narcissiques : “je ne suis pas digne qu’on me quitte en face”, “je ne mérite même pas un mot”. D’où la douleur parfois disproportionnée, car elle touche l’identité plus que le lien en tant que tel.

Trouver un psy