Sortir de l’évitement : un chemin lent vers la reconquête de soi

Il y a des choses que l’on évite sans s’en rendre compte : certaines situations, certains lieux, certaines émotions, certaines vérités. Parfois, on organise toute sa vie autour de ce qu’on ne veut surtout pas revivre. Cela peut sembler protecteur, temporaire, raisonnable. Mais au fil du temps, l’évitement s’installe. Il ne soulage plus vraiment : il enferme. Sortir de ce cercle ne se fait ni d’un coup ni sans résistance. C’est un chemin lent — mais souvent libérateur — vers un rapport plus libre à soi.
L’évitement, une protection devenue prison
L’évitement naît souvent d’un traumatisme ou d’une angoisse intense. À un moment donné, le corps ou le psychisme a associé une situation à un danger. Alors on contourne, on recule, on aménage. Ce réflexe de survie peut être salutaire. Mais lorsqu’il se répète, il alimente une croyance implicite : « je ne peux pas affronter cela. » Et peu à peu, le champ de liberté se réduit. On ne vit plus, on gère. On ne choisit plus, on évite.
Ce que l’on fuit en soi
On croit fuir une situation extérieure — un lieu, un regard, une confrontation. Mais souvent, ce que l’on fuit, c’est une part de soi : une émotion insupportable, une sensation de vulnérabilité, une mémoire douloureuse. L’évitement devient alors un mécanisme inconscient pour ne pas réveiller un conflit psychique non résolu. Il permet de rester « en surface », de ne pas ouvrir ce qui tremble à l’intérieur.
Le retour ne se force pas, il s’apprivoise
Sortir de l’évitement ne signifie pas s’exposer brutalement. Cela signifie reconnaître ce qui a été figé, et commencer à le rencontrer autrement. Parfois, cela passe par une mise en mots, une symbolisation, un accompagnement thérapeutique. D’autres fois, par de très petits actes de réouverture : rester quelques minutes de plus dans une situation anxiogène, revenir en pensée sur ce qu’on fuit, imaginer une autre issue. Ce travail n’est pas linéaire. Il demande du temps, de la douceur, de la patience.
Revenir à soi, un pas à la fois
Ce que l’évitement empêche, ce n’est pas seulement la confrontation à l’extérieur, c’est la rencontre avec une part plus profonde de soi. Reprendre le chemin que l’on avait contourné, c’est retrouver une liberté de mouvement, de choix, d’être. Ce n’est pas une victoire spectaculaire, mais un tissage progressif d’un soi plus habité, plus vaste, moins régi par la peur. Sortir de l’évitement, c’est parfois oser revenir là où l’on s’est quitté.