Est-ce que je me laisse vraiment approcher ?

On peut avoir des liens, une vie sociale, des échanges réguliers — et pourtant, se sentir seul·e à l’intérieur. On parle, on partage, on donne l’impression d’être présent·e… mais une part de soi reste à distance. Inaccessible, protégée, silencieuse. Ce n’est pas toujours volontaire. C’est parfois inconscient, parfois défensif. Alors la question se pose, doucement mais profondément : est-ce que je me laisse vraiment approcher ? Et que veut dire, au juste, se laisser atteindre par l’autre ?
La peur de l’intimité, souvent invisible
Se laisser approcher, ce n’est pas seulement parler ou se montrer vulnérable. C’est accepter d’être touché·e, là où c’est sensible, là où ça tremble. Cela suppose une certaine ouverture, une confiance — et pour beaucoup, cela fait peur. Parce qu’on a été blessé, jugé, rejeté. Parce qu’on a appris à se protéger, à rester fort·e, à ne rien attendre. Alors on construit une relation contrôlée, généreuse en apparence, mais tenue à distance. L’autre est là, mais ne peut pas vraiment entrer.
Des barrières construites dans l’histoire
Très souvent, ce retrait affectif s’enracine dans l’enfance. On a peut-être grandi avec l’idée que montrer ses émotions, c’était risqué, ou que l’amour était conditionnel. On a appris à être discret·e, autonome, à ne pas déranger. Ou à se rendre indispensable pour ne pas être abandonné·e. Ces stratégies ont été utiles — elles ont permis de tenir. Mais elles deviennent, avec le temps, des murs invisibles. Et derrière, la peur : et si on voyait vraiment qui je suis ? Est-ce que ce serait encore acceptable ?
Se laisser approcher, ce n’est pas se livrer entièrement
On croit parfois qu’ouvrir la porte, c’est perdre le contrôle, tout dire, tout montrer. Mais on peut être sincère sans se dévoiler totalement. Se laisser approcher, c’est avant tout accepter d’être en lien sans masque, dans une forme de présence vraie. Cela peut commencer par un regard soutenu, une réponse un peu plus personnelle, un silence habité plutôt qu’une fuite. Ce sont des micro-mouvements de confiance, qui disent à l’autre : je te laisse un peu m’atteindre.
Oser petit à petit, là où c’est possible
Se laisser approcher ne se décrète pas. Cela s’apprend. Cela se teste. Cela se construit dans des liens suffisamment sûrs. Cela commence par s’autoriser à sentir ce que l’on retient, à observer quand on se referme, quand on évite, quand on contrôle. Et puis, petit à petit, à faire un pas différent. Non pas pour plaire, mais pour être plus proche de soi, dans une relation qui n’oblige pas à se défendre. Car se laisser approcher, c’est aussi se rencontrer autrement.