Pourquoi je me sens toujours « moins » que les autres ?

Il y a des pensées qui s’installent sans prévenir. Moins intéressant·e, moins intelligent·e, moins attirant·e, moins légitime. On ne se le dit pas forcément à voix haute, mais ce sentiment d’être « moins que les autres » agit en sourdine. Il influence les relations, les prises de parole, les décisions… jusqu’à parfois nous faire passer à côté de ce que l’on pourrait vivre. D’où vient cette impression ? Pourquoi revient-elle si souvent, malgré les réussites, malgré les encouragements ? Et peut-on s’en libérer sans devoir devenir « plus » ?
Une comparaison constante, souvent invisible
Se sentir « moins », c’est presque toujours se comparer. À ce qu’on imagine chez les autres : leur aisance, leur confiance, leur réussite. Mais cette comparaison est biaisée : elle s’appuie sur ce que l’on perçoit – souvent lisse et mis en scène – et non sur ce que les autres vivent réellement. On compare souvent notre intérieur à l’extérieur des autres, nos doutes à leur façade. Et dans ce miroir déformant, on finit presque toujours par se croire en défaut.
Un sentiment enraciné dans l’histoire personnelle
Ce sentiment d’infériorité ne naît pas de nulle part. Il prend souvent racine très tôt : dans des regards peu valorisants, des attentes trop lourdes, des comparaisons familiales, ou des silences où l’on n’a pas appris à se sentir suffisant tel qu’on est. Ce n’est pas une faiblesse, c’est une blessure ancienne, parfois bien cachée, qui continue d’influencer l’image que l’on se fait de soi-même. Reconnaître cela, c’est déjà faire un pas vers une forme de réparation.
La peur de prendre sa place
Se sentir « moins », c’est aussi une manière de se retenir, de ne pas déranger, de rester à sa place. Par peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, on se fait petit·e. C’est un mécanisme de protection : si je suis discret·e, je prends moins de risque. Mais ce retrait finit par renforcer la croyance de ne pas valoir autant, et alimente un cercle où la peur et la honte prennent toute la place. Sortir de ce piège, c’est oser s’autoriser à exister, même imparfait·e, même vulnérable.
Revaloriser son propre regard
Il ne s’agit pas de devenir « plus » pour compenser ce « moins » ressenti. Mais de changer de focale. D’arrêter de se mesurer aux autres pour revenir à soi, à ses propres ressources, à ses propres repères. Revaloriser ce que l’on vit, ce que l’on surmonte, ce que l’on apporte. Cultiver un regard plus doux, plus juste, plus personnel. Car souvent, ce que l’on croit être « moins » est simplement différent — ou juste invisible aux yeux trop habitués à douter.